Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/275

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Et quand j’aurai parcouru tous ces pays, je n’aurai rien vu encore : ni la Chine, berceau des peuples, ni cette confédération gigantesque qui étend ses bras sur l’une et l’autre Amérique, ni l’Océanie, monde de trésors, dont l’homme prend possession à mesure qu’il sort des eaux.

Certes la terre est grande, et chaque jour elle s’agrandit encore. La haine de la vieille Cybèle s’étanche dans le sein des mers qu’elle dessèche. La vie d’un homme suffirait à peine à parcourir le monde habité.

Mais je pars avec toutes mes années devant moi, avec mon or je pourrais entretenir une armée ; je me suis préparé, par des lectures sérieuses, à profiter de tout ce qui frappera ma vue ; sur toutes choses mes idées sont faites. Puissent les voyages me rattacher à la vie !

— Arrête-toi, voyageur !

Tu vas sans but et sans passion. Tu trouveras l’ennui où tu 150 cherches le plaisir ; la morne tristesse habite en ton cœur. Les magnificences de la nature, la fraîcheur des campagnes, les voix des éléments, les merveilles des villes, tout cela est perdu pour toi. Tous les objets t’apparaîtront voilés de deuil à travers le prisme de ton découragement. C’est parce que tu es las de toi-même que tu parcours le monde.




Je voyagerai. — La saison est propice. Messidor est descendu dans les plaines, semant par les sil-