Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/281

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tion : — Quand la race humaine aura fourni sa carrière, elle subira l’inévitable transformation qui transporte tous les êtres dans des sphères de plus en plus élevées. Pas plus que la plante, pas plus que l’individu, elle ne conjurera cette mort, quand les heures vigilantes l’appelleront de leurs clameurs d’airain. Mais tant qu’elle vivra, elle vivra complètement, avec tous ses organes intacts et toutes ses facultés en plein exercice. Elle ne se traînera pas sur le sol, privée de ses étamines, mutilée, ou bien absorbée par le seul travail, ou bien encore étouffée par la graisse. Elle n’éludera point toutes les lois naturelles de la reproduction, elle ne luttera pas contre la passion, l’attrait des sexes et les instincts les plus imprescriptibles. Elle ne se conformera pas aux données de la science et aux vues utopiques des philosophes depuis Malthus jusqu’à Proudhon, jusqu’à tous ceux qui ont imaginé d’ingénieux procédés de chirurgie ou de culture pour rendre, sans douleur, l’homme eunuque et la femme stérile. Une race est morte, ou bien elle est vivante ; elle n’est pas à demi. Qu’on retire des marnes et des calcaires les squelettes fossiles, et l’on verra s’ils étaient incomplets. Les monstres ne sont pas viables ; ce sont de terribles leçons dont nous ne voulons pas profiter, d’affligeantes exceptions engendrées par notre résistance à toutes les lois naturelles. Pour maintenir l’harmonie universelle, il faut que chaque espèce se conserve intégralement, tant 154 qu’elle existe. — Mais quelle di-