Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/334

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c’est avec l’or qu’on fait les couronnes et les louis jaunes, les plus pesantes et les plus dures des chaînes. L’or ne se rouille jamais. Malheur à ceux dont les bras sont enchaînés par l’or, ils ne seront jamais délivrés.

Soleil ! quels lustres te sont comparables ? Tu ne te lèves jamais le même sur la terre amoureuse. Un jour tu nous montres un globe de feu, le lendemain, un bouclier d’or ; un autre jour une prunelle sanglante, enchâssée dans des paupières de nuages. Grand œil du monde, qui fais naître tant de lumières et de pensées, tandis que nos pâles lumières éclairent à peine quelques beautés qui passent, des couleurs fardées, des crânes chauves et de pauvres esprits qui ne peuvent briller qu’à des clartés douteuses !

Lune ! qui respectes le repos de la nature, douce amante des nuits, qui veillera sur mon sommeil avec plus de sollicitude que toi ? Tu répands sur le monde la suavité, la limpidité, la fraîcheur.

Étoiles, filles du ciel ! l’éclat des filles des hommes réjouit comme le vôtre. Mais leurs regards fascinent et font perdre la raison. Et puis la vieillesse vient, qui leur dérobe douce lumière, couleurs brillantes, et de sa main ridée, disperse leurs charmes comme la poussière du papillon.

Harmonie des mondes, tableau des mers et des continents qui se tiennent embrassés, immense nature ! Quels concerts et quels décors de mains d’homme égalèrent jamais votre magnificence ?

D’ici ma vue s’étend au loin ; les hommes me