Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/347

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lantes étoiles ; — quel peuple et quel trône pourraient rivaliser avec notre opulence ?

« Nos pères nous ont légué la garde de ces trésors, nous la transmettrons à nos enfants. Mais ils ne nous appartiennent pas, et la nature s’est montrée trop prodigue envers nous pour que nous la laissions déposséder. Malheur à qui voudrait faire tomber du front de l’Helvétie son casque de glaciers ! Que viendraient chercher parmi nous les empereurs d’Autriche ? du fer, des rochers, des blessures et la mort. Quelle rage aveugle les pousse donc contre des hommes libres et pauvres, eux qui ne recherchent que des esclaves pour sujets et de l’or pour jouissance ?

« Nous respecterons les baillis tant qu’ils observeront les traités en vertu desquels ils sont établis dans notre pays. Mais s’ils commettaient des exactions, s’ils voulaient combler la coupe des vengeances, alors la coupe déborderait sur nos âmes, comme les vagues du lac sur les champs de Flüelen. Et nous appellerions à notre secours la montagne, l’avalanche, la tempête, l’éclair et le tonnerre qui connaissent notre voix et qui nous aiment parce que nous respectons leur puissance.

« Les hommes des plaines nous doivent tout : les eaux cristallines de nos glaciers qui forment leurs grands fleuves, les prolongements de nos montagnes où croissent leurs épaisses forêts. Les Alpes sont les reines des montagnes et les mères des vallées ; elles entretiennent la vie, elles la ré-