Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/354

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furent comptés quand il tendit son arc et qu’il cacha dans son sein une seconde flèche qu’il destinait au monstre, dans le cas où la première aurait manqué son but.

Et puis, chaque être choisit le terrain de sa défense. Le ver rampe jusqu’à son trou, quand il entend venir l’homme ; le chat saute aux yeux ; la vipère mord au talon ; les petits oiseaux battent des ailes et poussent de grands cris dans l’air. Le hibou n’est fort que la nuit, l’aigle qu’au haut des airs ; le courtisan est fier au milieu des foules brillantes ; l’homme de la nature, dans le concert des éléments révoltés. Ce n’est pas à nous, qui n’avons plus guère que le courage de crier avec la foule, qu’il appartient de juger Guillaume Tell. La Suisse reconnaissante entretient sur son front des couronnes de chêne.

Gloire, gloire à la Liberté dans les cieux ! Et paix sur la terre aux hommes qui combattent pour elle !




202 Guillaume Tell et Gessler ! Une invincible fatalité lie ces deux noms et ces deux hommes. Nous les retrouvons en face quelques heures après la scène d’Altorf. L’un gît chargé de chaînes au fond d’un bateau ; l’autre, arrogant, se promène sur l’avant de la barque que soulève le flot limpide.

Ainsi chantait Gessler :

« Crainte à Dieu et longue vie à l’empereur Al-