Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ques qui chantent les derniers jours des condamnés, hurlent sur ces motifs ! La foule, les juges et les rois sont des machines qui fonctionnent pour qu’on les graisse, et que l’on graisse pour qu’elles fonctionnent.

Tu ne te cachas pas derrière un buisson pour tuer ces deux chiens galonnés qu’un procureur du roi lançait à ta poursuite ; tu ne fus pas lâche comme lui qui, du fond de son cabinet, les excitait, les relevait du défaut, les remettait toujours sur tes traces, les malheureux ! et leur promettait ta tête pour curée. C’est ce chacal à cravate blanche qui vous a tués tous trois. On laisse cependant ces hyènes démuselées courir la société, on ne met pas ces gens-là en jugement ; on dit même en France que la magistrature est honorable ! Adorez des tigres et des jaguars, s’il vous faut des Dieux ; au moins ces bêtes-là sont gracieuses. Mais respecter un procureur général, un fournisseur des pompes funèbres, c’est dégradant !

Je resterai digne de toi, Montcharmont ! Haute et ferme sera ma parole, comme la détonation de ta carabine de combat. C’est ta glorification qu’il me faut ; c’est une accusation criminelle que j’intente à toute une société ; c’est une sentence de mort que je tiens suspendue sur sa tête, et qui s’exécutera tôt ou tard ; — plus tôt qu’on ne le pense. Cette solennelle déification de ton nom, je la fais contre tous les gens de justice, d’ordre, de gouvernement, de police, de corde, de rubans d’honneur et de potence ; je la fais contre la ci-