Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/418

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vis de moi ; et que cet homme et moi nous sommes égaux en droits.

Vous vous êtes sacrés juges par force ou par ruse, subissez les conséquences de votre confiscation. Si vous abusez de la force, nous abuserons de la révolte : œil pour œil, dent pour dent, et morsure pour morsure. Nous vivons sous la loi des coups.

Je vous dis, moi, qui si vous aviez condamné à tort quelqu’un qui me fût cher, et qu’il vous prît fantaisie de le réhabiliter, je n’accepterais pas votre réhabilitation. Est-ce donc à vous qui vous reconnaissez coupables de meurtre de venir octroyer, comme juges, une réparation solennelle à la mémoire que vous avez flétrie ? J’estime que c’est à moi de vous poursuivre et d’exiger de vous telle réparation qu’il me conviendra, depuis votre tête jusqu’à votre humiliation.

Cela est de stricte justice civilisée. Que ceux qui s’arrogent le droit de décapiter en répondent sur leurs têtes. Cela n’est même pas de la justice sévère. Car vous êtes une compagnie de brigands privilégiée, patentée, héréditaire ; vous faites vos coups avec préméditation, complot, sous bonne escorte et sans crainte de représailles directes.

Sans attendre les réclamations de la voix publique, toujours trop lente à redresser les torts, je commencerais, tout seul et dès le prononcé du jugement, ma poursuite en peine de mort contre les magistrats qui l’ont rendu. Et comme il ne se trouverait aucun tribunal pour accueillir ma