Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/425

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vin, et vous buvez de l’eau sanglante ; ils fabriquent des montres d’or et des tissus précieux, et vous savez à peine tisser la paille en chapeaux grossiers.

Le produit de leurs travaux leur appartient. Ils choisissent et surveillent leurs gouvernants. Ils font des alliances et des contrats de commerce avec les peuples, selon qu’il leur convient.

Et vous semez pour vos ennemis, vous vendangez pour eux.

Malheur aux nations qui chargent de richesses les tables de leurs maîtres, et qui se contentent des miettes du festin !


VI. — Toutes les vieilles villes sont tristes avec leurs visages de pierre noircie, leurs murs lézardés, leurs remparts croulants et leurs étroites rues.

248 Mais de toutes les vieilles villes, Fribourg est la plus triste avec sa fourmilière de Jésuites.

Partout les révolutions sont cruelles avec leurs flots de vivants qui s’étranglent et leurs monceaux de morts.

Mais de toutes les révolutions, celles de Fribourg sont les plus cruelles. Les esclaves ne se battent que pour changer de maîtres.

Partout les prêtres affligent la vue. Mais les prêtres en société, les prêtres qui n’ont d’autres soins que l’espionnage et la confession, les prêtres qui parlent bas, les prêtres conspirateurs sont les plus dangereux des prêtres.