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247 Peuple béni, ville heureuse, Fribourg ! glorifie le Dieu de mansuétude qui s’enivre de sang.


IV. — Et moi, je dis : Malheur aux peuples qui n’ont pas le courage de penser ! Les autres pensent pour eux.

Deux religions rivales se sont abattues sur Fribourg et l’ont saccagée. Le despotisme catholique et le despotisme protestant lui ont enlevé jusqu’à son dernier haillon.

Elle est au Dieu catholique, disaient les jésuites. Elle est au Dieu protestant, répondaient les mômiers. Et Fribourg se taisait.

Malheureuse ville ! Il ne faut pas dire : « Les jésuites pensent bien, et je pense comme les jésuites. » Il faut prendre la plume et dire : « Je pense ceci, et voici pourquoi je le pense. » Il faut prendre le glaive, sans attendre de commandement, et dire : « Voici comment je soutiendrai ma pensée. »

Malheur aux aveugles, et malheur à ceux qui les guident mal. La force se retournera contre la ruse, quand les temps seront venus.


V. — Fribourgeois ! voyez les villes qui vous entourent ; elles ressemblent à des ruches d’abeilles au milieu de leurs fertiles campagnes. Le matin, leurs habitants courent aux travaux joyeux ; le soir, ils se reposent et ne craignent pas d’être réveillés par le bruit du canon.

Ils mangent, et vous avez faim ; ils boivent du