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l’ordre naturel que les vieilles institutions se renouvellent et que les jeunes hommes soient les interprètes des tendances nouvelles. D’un bout de l’Europe à l’autre, les hommes se groupent autour de deux étendards, celui du Passé et celui de l’Avenir. La famille nationale est dissoute. La patrie n’est plus qu’un mot. La carte d’Europe est à refaire, et la civilisation à remplacer. Bonne venue au Socialisme !

D’abord inaperçue, l’Helvétia devint chaque jour plus nombreuse ; son accroissement fut surtout très rapide depuis les 261 événements de 1848. Créée par quelques têtes exaltées, comme on les nomme, elle ne paraissait pas durable. Cependant les plus hardis s’y firent admettre ; les esprits droits et généreux suivirent. — Aujourd’hui les irrésolus, les intelligences superficielles, tous ceux qui cherchent les plus gros rassemblements pour s’y joindre, accourent à elle, et ses listes de candidatures sont toujours remplies. Elle est à la mode en un mot, et aussi considérable au moins que l’association rivale. C’est la vieille histoire de l’évolution des sociétés nouvelles ; je ne m’y arrêterai pas.

L’Helvétia est sympathique à la population, dont les tendances sont généralement progressives. On aime à la voir passer dans les fêtes avec ses couleurs rouge et or. Le peuple répète en chœur ses chants de liberté. Les mères républicaines y comptent leurs fils ; les sœurs, leurs frères ; et les ouvriers, des amis. Elle s’occupe de la chose publi-