Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/457

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l’amour. — Ils soulevèrent les lourds pavés ; leurs corps tombèrent dessus ; leurs âmes furent recueillies par la Gloire qui passait en ce moment dans le ciel. Une colombe déposa sur le pavillon des Tuileries un rameau d’olivier.

269 « Le prestige des écoles de Paris alla grandissant. Partout on redisait leurs combats et leur existence aventureuse. Quand ils retournaient aux villages, au temps des vendanges, les jeunes filles leur préparaient des couronnes de pampre. Quand les ouvriers les rencontraient, ils leur serraient la main. Souvent le dimanche, les faubourgs travailleurs montaient au Quartier-Latin pour échanger des promesses d’alliance. Quand les républicains menaient, autour de la colonne de Juillet, la procession pieuse, les étudiants y venaient et chacun portait à la main la couronne dorée d’immortelles. — Les paroles hélas ! sont fragiles comme verre ; le vent les disperse comme un sable mouvant.

« Pendant près de dix ans, chaque fois que le pouvoir issu des barricades tentait une nouvelle trahison contre le peuple, les étudiants déployaient leurs bannières sur les places des écoles de droit et de médecine. Puis, entonnant les hymnes de la République, ils descendaient sur l’autre rive de la Seine, accueillis par d’unanimes acclamations. Souvent leur intervention prévint l’effusion du sang, souvent elle arrêta le pouvoir et le peuple altérés de vengeance. Les Écoles étaient devenues la Providence de Paris ; elles apportaient aux ac-