Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/496

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que je peux faire, ce qu’il me faut tenter ; elles allumeraient au plus profond de 294 mon âme ce tison de vengeance qui fait crier le sang quand il passe dessus.

Rage des partis, je te bénirais ! Amoncèle les colères, range en bataille tes petites susceptibilités et tes vengeances louches, aiguise le sarcasme, lance l’invective, élève-toi, si tu le peux jusqu’à l’ironie. S’il faut qu’un homme succombe en luttant contre les partis, je veux bien être cet homme, mais je veux leur laisser aux flancs le dard mortel. Jusqu’à ce que le pain manque sous ma dent et la terre sous mes pieds, je crierai aux hommes : défiez-vous des soldats et des Césars, défiez-vous, défiez-vous des gens dévoués !

Toi qui donnas au tigre ses terribles rugissements, à la vipère son venin et ses serres à l’autour, Satan, Dieu vengeur ! je t’invoque. Rends ma langue acérée et ma plume brutale, fais que chacune de mes paroles passe comme un glaive à travers les esclaves à genoux dans la poudre !

Afin qu’au jour de l’action, j’aie le droit de crier : Liberté !

Et que les pierres se dressent derrière moi, et que les maisons tremblent, et que les bêtes des forêts se montrent aussi impitoyables que des hommes au milieu des villes en feu.

Et que la Révolution, aux bras gigantesques, étreigne le globe et l’entr’ouvre en pressant, et faisant jaillir sur les civilisés l’Éternel Feu ! !