Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/100

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dans l’herbe les insectes qu’on ne peut voir, encore qu’ils fassent plus de bruit que des représentants en assemblée ! Si la postérité doit recueillir vos noms, ce ne sont point des autorités semblables qui les lui feront connaître ; si vos ouvrages doivent surnager aux déluges que la juste Opinion roule sur le gros tas des productions modernes, ce n’est point parce que ces pygmées les auront soulevés quelque temps sur leurs maigres épaules. Et si vous n’allez pas à l’Avenir immense, que vous importe une renommée d’un jour, fille de la réclame, naissant et mourant avortée ? Je comprends qu’un maître d’hôtel et un consulteur d’urines achètent, sans s’incliner, à beaux deniers comptants, des petits journalistes, une ligne d’avis qui peut leur 48 faire gagner beaucoup d’or. Mais qu’on échange de bons livres contre un méchant compte-rendu, contre un maigre entrefilet, contre la monnaie de singe et de monaco que cette gent peut rendre, voilà ce qui me paraît une lâcheté, je dis plus, une sottise que rien n’excuse.


Patience ! tout ce petit monde écrivassier jouit de son reste. Bientôt cessera la dictature des journaux monopolisée par les ambitieux, les intrigants, les rentiers sans profession ; bien plus dangereuse, plus tartuffe, plus vorace que celle des gouvernants qui se rassasient à panse rabattue dans les splendides festins du gros homme BUDGET.

Aux premiers beaux jours de liberté, les journaux pousseront tous à la fois comme chiendent