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au ver et à la fourmi. Je maintiens que toutes les éclaboussures vous atteignent, qu’il y a toujours place pour une tache de fange sur vos oripeaux brodés. Je maintiens qu’on ne vous vend pas tout ; je maintiens que vous n’achèterez ni ma parole, ni ma plume, ni la voix vibrante des escadrons cosaques, ni le burin de platine de la Postérité.

Et je sème en chantant !


XVIII


51 Je travaille comme le semeur qui passe par-dessus les ronces et les épines et poursuit son chemin.

Je me mets au-dessus des règles de style, de ponctuation et d’orthographe que voudrait m’imposer l’usage. Ce sont encore là des entraves, des bâillons qui paralysent mes allures libres, ma libre diction ; ce sont des pièges que la majorité dresse contre les hommes qui la craignent. Les peureux ont le droit de s’y laisser prendre ; je m’en suis délivré. Tel, dans les prairies, le jeune coursier s’élance, crinière et narines dans la brise, sans bride ni sangle, bondissant au-dessus des haies et des fossés dont les propriétaires ont coupé la campagne : indompté, rapide comme l’air qui frappe ses sabots.


J’aspire au temps où le style de l’individu trahira l’élan des passions qui l’agitent, où la diction