Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/165

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Faisons donc une transaction, lecteur. Remets-moi le péché que je t’avoue si candidement, comme je remets les leurs à tous ceux qui m’offensent. En retour je me reconnaîtrai débiteur envers toi d’une troisième et dernière partie de cette mienne Odyssée très précieuse, dans laquelle seront traités magistralement, avec une infinité d’autres, les sujets que tu croyais perdus pour tes loisirs, et qu’amèrement tu regrettais déjà.

… Voilà qui est dit. Le marché te convient. Tape donc dans ma main, et promets-moi de ne pas trop écorcher ma prose devant les demoiselles.


Mais lecteur soupçonneux, ami de Lafontaine, tu te rappelles, je le vois, la fable de ce berger devenu célèbre qui criait toujours au loup. Et tu souris, lecteur, et tu ne crois plus à ma parole, 89 et tu me prends pour un Gascon de bonne race, de ceux qui boivent l’eau de la Garonne verte, et la lui rendent en pluie d’or et d’écume depuis les fenêtres de leurs castels.

Eh bien vrai, lecteur tu as tort ! Je ne te respecte guère de coutume, j’en conviens. Mais le peu d’égards que je professe pour ta personne ne va pas jusqu’à me faire oublier les déférences que je dois à la mienne. Or je t’ai fait une promesse ; c’est chose due qu’il me plaît de te payer. Et je te paierai comme il n’y a qu’un Christ, à moins de mort subite ou d’avènement de la police démocratique aux affaires.