Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/166

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Lecteur, si tu voulais cependant connaître les motifs de mon retard capricieux, je ferais droit à ta requête et je te répondrais :

La sombre misère de Londres, ses froides saturnales, ses immigrations déguenillées, ses douleurs innombrables ne pouvaient entrer dans le cadre de ma publication d’aujourd’hui. Ce fond de houille et de brouillards eut été trop grand deuil pour y peindre la Suisse, l’Espagne et l’Italie, les trois Grâces si fraîches, si radieuses de beautés, de merveilles. J’ai craint cette tache de bitume pour cette robe de fées.


Que si tu me demandais d’autres explications, ô très bon lecteur, je te ferais observer que ma bienveillance ne t’autorise point à prendre avec moi de pareilles libertés ; — qu’après tout, je ne suis ni ton empereur ni ton ministre, ni ton troisième valet ; — que tu es libre de ne pas me lire, de même que je le suis de ne pas te plaire ; — que je ne te dois rien en somme, et que si tu n’es pas content, je m’en bats l’œil !