écueils désolés qui menacent les audacieux navires dans leurs courses lointaines, ne reproduisent-ils pas, dent pour dent, crevasse pour crevasse, les pics arides de nos plus hauts rochers ? Ne les voit-on pas rares, aigus, isolés, sombres, menaçants comme eux ? N’y a-t-il pas la même différence entre les écueils et les îles qu’entre les hautes aiguilles rocheuses et les crêtes plus basses chevelues de 107 sapins ? Les lacs, les oasis, les plaines, les déserts ne représentent-ils pas les immenses bassins qui formaient autrefois les abîmes des mers ? Tout ce qui fait relief sous les cieux n’est-il pas comme l’avant-garde de la terre ? Tout ce qui forme creux n’est-il pas comme l’arrière-garde de l’eau ? La pierre, l’os du globe, deviendrait-elle sol sans les baisers de l’eau ? L’eau, le sang du globe, deviendrait-elle île sans le contact des rochers toujours prêts à recevoir ses embrassements ? Les plantes, les animaux, les poissons, les reptiles, les cétacés monstrueux ne naissent-ils pas de cet accouplement fécond ? Ne se complètent-ils pas l’un l’autre, ces deux éléments qui nous entourent, nous comprennent et nous produisent ? N’assistons-nous pas chaque jour aux noces magnifiques de Thétis et du Dieu suprême, antérieur, supérieur à tous les autres, complète expression de la puissance créatrice infinie ? Et nous, et notre terre, que sommes-nous autre chose que les résultats de cette union, que des manifestations momentanées, transitoires, dissolvables de l’éternelle et toute puissante transformation ?
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