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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/198

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transparent ! Comme il pénètre partout : dans les grottes de cristal, dans les mille vagues de la mer de glace, parmi les innombrables stalactites suspendus aux rochers, dans leurs cavernes grises, sur le tartre et le calcaire, jusqu’au fond des gorges et des vallées. Tout est si beau, si délicieux, si suave dans l’objet qu’on aime.

Voyez la belle languissante rouvant ses grands yeux éteints, serrant entre ses dents les rayons qui la caressent, les noyant dans les cascades et les avalanches qui pleuvent de sa bouche altérée !

Ô Soleil, Soleil, un sourire de ton beau visage, et la voilà consolée, radieuse, heureuse, prête à s’entr’ouvrir encore pour étancher ta soif inextinguible de jouissance et d’amour !

Soleil toujours actif, toujours jeune, éternellement amoureux, éternellement ennemi du sommeil, tu la fascines, cette pauvre terre, la tentes, la prends dans le filet de tes séductions, la transportes, la plonges dans une nappe de flamme, l’attires à toi, la fais fondre, s’abîmer, s’anéantir dans l’infini des passions. Alors délirante, béante, pantelante, hors d’elle, elle déploie tous ses charmes pour te plaire, elle te presse étroitement entre ses mamelles. Et toi, tu te mires dans ses yeux pendant qu’elle expire sous tes transports !


Es-tu bien vieux, Soleil ? — As-tu vu bien des globes s’abîmer dans les flots ? As-tu vu bien des vagues se dresser contre les terres surprises ? — Sont-ils tout jeunes pour toi, nos hémisphères qui