Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/239

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patience infinie de mon âme de connaître les destinées entières de notre race :

— L’innombrable, l’aimable, l’adorable, la vénérable, qui commence à maître Adam, le vert paillard, toujours à la légère, toujours en quête de l’ombre, des fraises, de l’envers des feuilles et des lits de gazon, et qui finira par je ne sais quel être froid, quintessenciel et platonique qui ne rêvera même plus d’amour !

Ce pauvre dernier homme ! Vous parlez du désespoir de Napoléon III qui n’a pas la chance de se reproduire quand l’Empire français en aurait tant besoin ! Ce sera bien autre chose pour le dernier de nos arrière-neveux : il s’en coupera… la gorge !

141 Lui, qui tiendra sous ses pieds la nature vaincue, qui comprendra le mécanisme des univers et créera selon sa fantaisie, lui l’immortel, ne pouvoir donner un héritier à son immense empire, être maître de tout et produire le néant ! L’excès de sa puissance n’aura d’égal que l’excès de son malheur ! Il sera contraint de mettre un terme à son supplice par le plus affreux des suicides, celui de l’homme dont le génie ne connaît plus d’obstacles et qui sent ses membres paralysés ! — Hélas ! l’homme né de femme ne fuira point sa destinée terrible ! —


Que me parlez-vous d’étrangers, de Saxons, de Germains, de Français et de Russes ?

Il n’en est plus, vous dis-je. L’Humanité com-