Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/238

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si les fonctions du prêtre diffèrent de celles du citoyen, du moins son anatomie reste la même !…

Je veux bien être pieux, prier et aimer d’un amour idéal ; mais seulement ce que ma conception, je dis la mienne, peut embrasser de plus étendu : c’est-à-dire l’homme, le chef-d’œuvre de la Révolution, gravitant au milieu de l’immense nature, son jardin d’Éden, qu’il retourne, féconde et rend plus magnifique chaque jour.

Si, poursuivant cette série de contemplations supérieures, mon âme s’abaisse d’aventure jusqu’à la conception de l’éternelle mômerie des prêtres, des moines, des nonnes, des quakers, des shakers et autres hystériques ; jusqu’à la vénération pour le Dieu des holocaustes propitiatoires qu’on adore sur tous les autels, dans toutes les positions ; jusqu’au respect pour cet Hercule sempiternel, pour ce Priape flétri qui tient la chandelle à l’Esprit Paraclet pour en avoir un fils… Si ce malheur m’arrive ! !

Alors, ô mes ennemis, dites que je suis fou pour de bon ; venez me voir communier dans l’église paroissiale de Tonnerre (Yonne), mon domicile catholique. Et buvez bouteille ! Les dévotes de l’endroit vous en paieront du bon !

Ma Religion ou ma Fraternité, ce n’est pas celle du Saint-Père Pie IX, du Révérend frère Luther, de Messer Calvin, du Citoyen Étienne Cabet l’Invisible. C’est un desideratum, un stimulus, la poursuite sans trêve de la Découverte, l’étude constante de l’Humanité ; pour généraliser, l’im-