Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/258

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nouvelle nous permet de jaser et de chanter : aussi faut-il entendre comme nous nous en donnons ! »

— Donnez-vous-en donc tout seuls, bourgeois enrhumés, empantouflés, ensabottés, emmitonnés, poussifs ! Demandez même pour cela la très gracieuse autorisation de vos gouvernants ! Car à vous dire vrai, vous me sortez par tous les pores, comme une sueur de canifs ? Avez-vous bien compris ?…


— « Mais vous avez couru si longtemps ? Cela ne vous a donc servi de rien ? Alors à quoi bon tout l’argent dépensé par votre chère famille ? Vous n’en savez pas même autant que nous qui sommes de vrais ânes bâtés ! »

— Que voulez-vous, beaux Messieurs si savants, belles dames si fûtées ? j’ai la tête dure apparemment. Un touriste français en apprendra certainement plus en six semaines par la portière de sa voiture que moi, pendant six ans, parmi le peuple de tous pays.

« …… Oh l’imbécile personnage, diront-ils, en me tournant le dos ! »


— « Courons voir l’étrange voyageur, diront les gens. Et s’esbaudissant, festoyant, grimaçant, cancanant, rigoulant, ils se ramasseront devant ma porte.

» Oh ! mais là, cher ami, vous n’êtes pas trop changé ! Vous avez bien, par-ci, par-là, quelques