Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/257

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— « Courons voir l’étrange voyageur, diront les gens. Et beaux comme des astres, dans leurs habits de fête, ils se presseront sur mon passage.

» Et d’où venez-vous ainsi ? Comment diable avez-vous employé ces longues années d’absence ? Quelles routes avez-vous suivies sur le globe tourneur ? »

— Que vous importe, champignons ? Vous êtes-vous inquiétés de moi quand j’étais sans gîte, quand j’avais soif de tout ce qui fait vivre ?…


— « Courons voir l’étrange voyageur, diront les gens. Et curieux comme des chouettes borgnes, ils me barreront le chemin.

» C’est beau, n’est-ce pas, c’est bien beau l’Espagne et l’Italie, les prodiges des arts, les œuvres des grands maîtres, les immenses musées, les temples magnifiques, les cirques, les tombeaux : 152 Rome, Grenade, Madrid, Venise, Naples, l’Alhambra, le Vatican des papes ! ?

» C’est bien grand, n’est-ce pas, la mer ? C’est bien haut, l’Alpe blanche ? C’est bien vert, la Hollande ? C’est bien noir, l’Angleterre ? Dites-nous quelque chose ? »

— Lisez cela dans vos feuilletons, bavards à ressort ! Je ne sais pas, comme eux, raconter avec grâce et sans faire d’allusions politiques.

— « Oh qu’à cela ne tienne ! Nous sommes libres maintenant, vraiment Frrrançais, vraiment républicains ! Vous pouvez tout dire ; la police