bondit sur les haillons qu’on lui présente. Hommes et bêtes s’animent jusqu’à la rage.
Ahora ! Ahora ! De nouveau les adversaires se rencontrent ; de nouveau l’animal s’est élancé sur l’homme ; une seconde fois a coulé son sang. Mais la pique se brise dans la main du cavalier ; homme, cheval sont soulevés d’un coup de cornes, et le taureau fouille dans la chair vivante.
Tous se sont levés ; tous ont tendu le cou et ouvert la bouche. Les hommes applaudissent ; les femmes jugent à propos de pousser des cris déchirants. — Oh voilà qui est beau, voilà qui est sublime, voilà de l’émotion vraie, des habits déchirés, des blessures et des éventrations ! Sans doute il y aura mort d’homme : pas de bonne course sans cela !
Mais quoi ! tous se redressent. Le taureau se fatigue de frapper avant que les femmes soient lasses de le voir. Le coursier s’enfuit, galopant sur ses entrailles, et marquant son passage d’une longue traînée de sang. Le picador, bardé de fer, s’est remis lourdement sur ses pieds ; on lui ramène sa monture, il la fera marcher jusqu’à la mort.
Deux fois, trois fois encore le taureau s’élance sur les chevaux. Chaque fois il est blessé, chaque fois il enfonce jusqu’à la racine ses cornes dans leurs flancs : chaque fois le cirque résonne de clameurs passionnées.
Çà et là, délivré de sa bride, un cheval se débat dans les convulsions de l’agonie.