Qu’on aiguise les fers des banderillas, qu’on les décore de papiers de couleur ; qu’on les entoure de poudre fulminante !
Ahora ! Ahora ! Cette fois, ce sont les hommes qui courent 169 au devant du taureau, qui l’appellent, et quand il fond sur eux, plongent en fuyant deux dards jumeaux dans son cou.
Le taureau hurle et se tord sur lui-même, secouant le fer et le feu. L’impression de la souffrance a pénétré jusqu’à son cœur, tous ses membres en sont ébranlés ; l’écume sort de ses naseaux qui saignent ; dans toutes les directions il bondit, rasant de ses cornes les poitrines des toreros qui passent comme des flèches.
Qui dira ses transports de fureur et ses instincts de vengeance ? Qui dira les passions meurtrières dont il est agité ?
« Que me veulent ces hommes ? Que leur ai-je fait, et pourquoi me harceler ainsi ? Qu’ai-je de commun avec eux ? Et quand finira ce long supplice ? — Que résoudre ? Vendre chèrement ma vie, m’abattre sur les groupes les plus compacts, et tuer tout sur mon passage sans compter les ennemis ? »
C’est ce que veut faire le taureau ; il luttera jusqu’à ce qu’il tombe. Mais ses assaillants sont insaisissables ; et dès qu’il les approche, ils se dérobent, lui laissant leurs dards pour souvenirs.