Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/300

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l’aigle apprend par delà les nuages, aux secrets que lit son œil superbe dans le disque éblouissant du soleil ?

Dans son orgueil d’autocrate, l’homme se place dans un monde supérieur aux mondes connus ; il s’isole des animaux, et sous prétexte qu’ils ne le comprennent pas, leur refuse toute libre participation à ses travaux, à ses pensées. Mais lui les comprend-il davantage pour détruire leurs ouvrages et leurs existences selon son bon plaisir ? À de semblables iniquités qu’il ne se prétende pas entraîné par le sentiment de son droit, mais par la soif de la domination et l’horrible nécessité de vivre de la mort des êtres, nécessité contraire à la justice et que la découverte doit faire disparaître avant peu.

La vie est sacrée partout ; elle décrit à travers les mondes une immense spirale qui commence à la pierre et s’arrête à nous ; — autant du moins que nous en sachions pour le moment. — Il fut un temps où le marbre était le chef-d’œuvre de la création. Un temps viendra de même où l’homme comptera par dessus sa tête bien d’autres sphères d’existences. Sait-il quand s’achèvera la chaîne des transformations éternelles, dont il n’est qu’un anneau fragile ? Affirmerait-il qu’elle sera terminée jamais ?…

Que l’homme soit le dernier-né d’entre les animaux ; qu’il ait de plus qu’eux la faculté de réfléchir et de comparer ses actes ; qu’il puisse améliorer son sort et vivre selon les lois de l’équité ;