parce qu’il ne peut prévoir le sort qui l’attend, et que seule l’appréhension de la mort nous terrifie.
Que savez-vous des dernières angoisses des animaux ? Vous aurez tenu dans vos mains une perdrix blessée, vous aurez vu de tout petits oiseaux dénichés par un enfant cruel, vous vous serez arrêtés aux environs de l’abattoir quand les bergers y faisaient entrer leurs troupeaux ?… Ne vous a-t-il pas semblé que tous ces êtres fussent anéantis par la crainte de la mort ? Ne 180 tremblaient-ils pas ? Ne poussaient-ils pas des cris plaintifs, avertis qu’ils étaient par un instinct qui ne trompe jamais ?
Avec toutes ses études et sa philosophie, que sait l’homme sur la mort de plus que les animaux ? Prévoit-il sa venue longtemps d’avance ? Peut-il la conjurer ? Ne la redoute-t-il pas autant que tous les êtres du monde, lui qui ne devrait voir en elle qu’une source inépuisable de vigueur et de fécondité ?
Il prétend que les animaux n’ont pas d’âme. Qui le lui a dit ? Parlent-ils sa langue ? Comprend-il la leur ? A-t-il pu s’entretenir avec eux et connaître l’idée qu’ils se font de lui, de la nature et d’eux-mêmes ? Qui saurait dire tout ce qu’il y a de poésie dans les chants du rossignol à la nuit, d’amour dans les roucoulements de la tourterelle, de tendresse dans les plaintes de la fauvette privée de ses petits, de fidélité dans le hurlement du chien perdu, de bravoure dans le rugissement du lion, et d’intrépidité dans le cri de l’hirondelle marine ? Sommes-nous initiés aux mystères que