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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/328

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rêves de bonheur en tête. — Des rêves seulement !

L’exilé n’est pas de ce monde.

Aujourd’hui je suis vraiment sage, mille fois plus que les compilateurs des bibliothèques, les révolutionnaires de la tradition et les bigots du socialisme, tous ces pédants cafards qui font détester l’étude, la liberté, l’amour. J’aime la science et la Révolution, mais je ne m’approche d’elles que quand mon cœur tressaille d’allégresse. Je travaille sans prendre de peine : c’est le fond qui manque le moins.

L’exilé n’est pas de ce monde.

199 Si j’étais riche et puissant, j’aurais des palais de cristal, je prendrais des bains de lait et des fumigations d’encens, je me reposerais sur des fleurs d’oranger, je monterais des coursiers pleins de sang et ferais retentir les bois du concert de mes meutes. Des houris et des bacchantes me verseraient le Chypre brûlant dans des coupes d’or. Quand j’écrirais, je voudrais être entouré de toutes les merveilles du luxe et des arts. Aux portes de ma royale demeure j’élèverais à Fourier et à Épicure des statues de diamant dont la nudité ferait rougir les phalanstériens officiels.

L’exilé n’est pas de ce monde.


Et m’adressant aux hommes je m’écrierais :

« Dans les premiers âges du monde, sur le trône le plus élevé de la terre était assis un grand monarque. Il avait nom Sardanapale. Jamais jeune guerrier ou vieux philosophe ne posséda la science