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III


… Je les suivais toujours. J’arrivai sur leurs pas au pied d’une montagne aux flancs arides. Ils descendirent de leurs chevaux, 223 les dessellèrent, et les coursiers libres errèrent dans les prairies.

Près de là coulait le Jarama aux rives escarpées, au cours capricieux. Ils puisèrent de son eau bleue dans des outres ; ils ramassèrent les branches du sycomore, les feuilles du houx, les pommes du pin, les herbes parfumées. Puis ils revinrent joyeux. Ils avaient une guitare, et leur guitare avait deux cordes ! — Ole ! Ole !

Les femmes rassemblèrent les rameaux desséchés, et de leurs mains fines creusèrent le sol autour. Elles ressemblaient aux chattes gracieuses quand elles sont accablées de fatigue et pressées des plus tendres instincts.

Je les vis s’accroupir, allumer les feuilles jaunies et bientôt la flamme s’éleva. Dans l’ardent foyer elles jetèrent l’anis, la pimprenelle odorante, le fenouil et l’encens. Et tout pétilla, tout flamba, et les voix qui chantaient étaient aussi brillantes que le feu magique.

Les nuits d’été ; les nuits plus belles que nos jours, les belles nuits d’Espagne sont favorables aux prédictions !