Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/363

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l’homme sont courtes, quoique bien lourdes à porter ; elles passent comme la flèche et l’éclair qui nous frappent d’une mort prompte.

» Travaille, travaille ! Que les difficultés ne t’arrêtent pas. Quand tu vois les astres, mes oracles fidèles, rencontrer des nuages et les disperser pour suivre leur chemin, craindras-tu, vermisseau d’orgueil, de lutter contre les cailloux de ta route ?

» Travaille ! À chaque existence son œuvre. Je ne révèle pas tout l’avenir en une fois. L’homme ne fait pas tout son ouvrage en un jour. Et notre vie terrestre, c’est un jour dans l’Éternité !

» Travaille ! Mets à profit le matin et le soir, tes méditations, tes rêves, tes aspirations et tes souvenirs, le calme et la tempête, l’éclair et l’étoile, le sillage du vaisseau sur la mer transparente et le chant des oiseaux. Tout est dans la nature, tout en sort, tout y rentre ; elle a mille spectacles et mille voix pour révéler les desseins de sa puissance à qui sait la comprendre.

» Travaille, travaille ! Je te le ferai dire constamment par une voix d’émulation et de reproche, la voix sonore de ta conscience. Travaille, et tu seras possédé du feu qui me dévore, feu d’enthousiasme et de divination ! »


V


Elle dit, et prenant dans ses mains brunes la