Aller au contenu

Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les bruns Gitanos sortirent de leurs tentes, chacun portant sur sa tête la selle de sa monture. Ole y Viva ! chantaient-ils.

« Adieu ! me dit celle que je n’ai plus revue que dans mes songes, jamais je n’ai dit tant de paroles à homme vivant, et je n’ai pas été si causeuse, à beaucoup près, avec mon mari la nuit de mes noces. »

Puis rapide, elle partit de son pied mignon, me laissant les yeux grand’ouverts et l’esprit dominé comme en sortant d’un songe.

Gitana, Gitana la belle, te reverrai-je un jour ?


XI


À l’heure où l’on se met en marche avec courage, où le vaillant 236 soleil commence résolument sa longue carrière, je vis la bande joyeuse défiler sur la route étincelante de blancheur.

Dieu vous garde, hommes libres, et prospérité !

En avant marchaient les mieux découplés, les plus beaux, les plus grands. Sur les flancs de leurs chevaux noirs brillaient leurs pantalons de velours ornés de belles franges d’or, de vert ou d’écarlate. Ils portaient les longs éperons, les chemises à jabot que brodent leurs femmes pendant les marches longues, les fines chemises parfumées, aux boutons précieux, qui font mourir d’envie les beaux fils de famille.

Dieu vous garde, hommes libres, prospérité !