Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/404

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Parées dès la veille, les barques joyeuses sortent des criques du rivage ; elles baisent les vagues salées du bec de leurs proues et s’abattent sur elles, ainsi que les goélands quand ils saluent l’aurore.

Elles paraissent sur l’Océan, comme sur la terre la cohorte des trompettes qui précède l’armée. Elles paraissent sur l’Océan 252 comme, dans les cieux, les premières étoiles du matin et du soir, celles qui nous annoncent le retour de la nuit et du jour. Comme les étoiles, elles brillent des plus vives couleurs ; comme la cohorte des trompettes, elles élèvent dans les airs des accords éclatants. Nous l’avons dit, ce sont cette fois des chants de bonheur.

— Ole ! Ole ! Frappez l’onde en cadence ; abaissez, relevez les rames légères ; penchez vos bonnets rouges sur l’oreille attentive ; buvez, riez, dansez, beaux pêcheurs lusitains ! Jamais il n’y aura trop de chansons pour célébrer la beauté de la Nature et de l’Homme réconciliés enfin !


De tous les ports du monde, de très près, de très loin ils sont partis, les beaux navires remplis de passagers ! Et maintenant ils pénètrent dans les eaux du Tage, blanches voiles au vent, beaux étendards aux mâts. Dans les haubans, les matelots sont plus heureux que des rois. Car jamais ils ne célébrèrent fête si belle, sous l’ardent Équateur, pour le bonhomme Tropique, le franc-buveur