Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/403

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bons vieillards ; soyez leurs protecteurs, leurs amants, leurs amis et leurs frères. Et puis songez aux morts : fleurissez leurs tombeaux, offrez-leur les prémices de la fête splendide. Afin qu’on puisse dire :

Heureux les morts ! Leurs corps ont le repos, et leurs âmes l’amour, gagnés par de longues fatigues. Leurs héritiers, dans le bonheur, ne sont pas ingrats ; il les rachètent et les relèvent du sépulcre ! — Alléluia !


II


Le matin a souri. Transportés d’amour le ciel et la mer se regardent jusqu’au fond de l’âme avec les grands yeux de leurs abîmes. Les rayons du soleil courent dans l’air qui sépare leurs beaux visages comme une effusion de leurs tendres pensers. Tandis que les cris aigus de l’oiseau de mer et le chant monotone du pêcheur semblent les soupirs entrecoupés des mondes qui s’embrassent.

— Oranges et grenades, rougissez ! Mûrissez, raisins ! Frissonnez, ruisseaux des plaines ! Montagnes et collines, pleurez des sources abondantes ! Enfants et femmes, attendrissez-vous, tressez-nous des couronnes. Jamais il n’y aura trop de vins, de fleurs, de fruits, de larmes d’allégresse pour célébrer la beauté de la Nature et de l’Homme réconciliés enfin !