Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/416

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armées travailleuses sont accueillies par les acclamations des spectateurs disposés le plus avantageusement possible pour suivre les opérations de chacune. Rien ne peut donner une idée de l’émulation qu’excite la vue des femmes qui doivent couronner les vainqueurs de ces grands tournois.

— Ah ! lorsque l’homme sera dégagé des intérêts mercantiles et injustes qui commandent aujourd’hui toutes ses relations ; quand la grâce, la bienveillance, la beauté, l’amour de la femme lui sembleront mériter plus que l’hommage d’un caprice ou l’insulte d’un salaire ; quand il s’honorera d’être galant et généreux comme l’étaient Hercule, Thésée, Hector, Antoine et les preux du moyen-âge, comme le furent de tout temps les plus intrépides et les plus forts : alors il comprendra quelles promesses, quels commandements, quelles punitions et quelles récompenses il y a dans le regard de la femme, de celle surtout que nous n’avons pas coutume de voir et qui vient à nos fêtes, d’un pays très éloigné.

Les femmes d’alors ne seront pas des grimacières, des prudes retenues, comme celles d’aujourd’hui, par je ne sais quelles conventions étroites ; elles témoigneront franchement, naïvement, 260 leur admiration, leur indifférence ou leur dédain à ceux qui les auront mérités. De sorte que la vue de la femme deviendra pour l’ouvrier le plus puissant attrait au travail, et que plus les résistances et les dangers paraîtront invincibles,