Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/419

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posaient à leur écoulement, et bruyantes, rapides, elles s’élancent dans les canaux destinés à les recevoir.

Le chœur chante :

« Rien ne résiste à l’homme. L’aridité, la sécheresse sont bannies de la terre qu’elles désolaient. Le terrible taureau, le buffle sauvage tendent à nos jougs légers leurs têtes si fortes. Plaine infertile où se réjouissaient les bêtes nuisibles, voici que tu vas t’embellir sous nos mains. Les grands arbres te couvriront de leur ombre, les petites fleurs t’embaumeront de leurs parfums, les jeunes filles viendront le soir, par tes sentiers, aux rendez-vous d’amour, et dans tes ruisseaux clairs de nombreux troupeaux apaiseront leur soif. »

Quand on aura l’assurance que l’eau parcourt bien tous les canaux pratiqués dans la plaine, il ne restera plus rien à faire que de consolider le travail. Ce sera l’ouvrage des petits enfants. On leur amènera de grandes voitures de gazons, d’œillets, de marguerites, de violettes, de mauves, de renoncules et de myosotis fleuris. Et pendant plusieurs heures leurs bandes nombreuses tapisseront, en chantant, le bord des eaux courantes.

— Les hommes observent enfin les aptitudes et les goûts de l’enfance et savent en tirer parti dans leurs travaux. —