Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/439

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Le Dieu du Feu se montre dans les soirées d’orage. Quand le soleil se couche, drapé de nuages sombres qu’il perce comme un éclat d’obus, alors le Dieu du Feu commence sa tâche de nuit. Il aspire de sa bouche la lave des volcans, la flamme et la chaleur des gouffres, et les répand sur terre par les mille canaux des usines. Son corps est formé de fer rougi, ses mains et ses pieds de l’airain le plus pur, ses yeux de diamants, ses cheveux d’étincelles. Souvent il plonge sans peur dans les fournaises du globe, et chaque fois il remonte au jour plus puissant et plus pur.

Et ce Dieu qui naît des tempêtes et des révolutions, ce Dieu qui ravit la flamme aux entrailles du sol et la distribue pendant la nuit pour les besoins du jour, ce Dieu, c’est l’Homme moins carré d’épaules, moins haut de taille encore qu’il ne l’est aujourd’hui. — Magnificat !


Le Dieu des Airs apparaît sur les hautes montagnes. De son souffle inépuisable il disperse dans l’infini des milliers d’aérostats avec autant de facilité qu’un enfant, des bulles de savon. Il les 274 rassemble ainsi que des nuages brillants dont les couches se tassent, se superposent. Puis, de son pied superbe, il s’élève sur eux, laissant loin par derrière et l’aigle et l’hirondelle. C’est ainsi qu’il s’approche des astres étincelants, et plus heureux que Prométhée dans sa révolte altière, leur dérobe des clartés éternelles.