Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/454

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tance sans cesse en lutte avec les éléments. — Ici, le dur langage de l’Allemand, ce langage qui semble fait pour rendre plus obscures encore les subtilités de sa métaphysique, et plus dramatiques ses chants. — Sur ce fond monotone tranche la vive phraséologie des Français, qui s’interrompent à chaque instant par des discussions et des éclats de rire. — L’ensemble est dominé, relié, bercé par l’intonation musicale des hommes de l’Orient et du Midi, si mélodieuse qu’elle semble venir du ciel. — Quant aux Slaves, ils sont les 283 interprètes de toutes les nations qui déjà commencent à se comprendre.

Les Langues des peuples redisent la gloire de l’Homme !


L’explosion de cent mille feux d’artifice donne le signal de la fête. Aussitôt l’incendie s’allume de toutes parts, pétille, s’irrite et se répand au loin. Le long des rives du fleuve resplendit le gaz d’éclairage dont les tuyaux s’enlacent commes des lierres aux rameaux des arbres. Ils grimpent, serpentent et se subdivisent en une infinité de branches suivant toutes les bifurcations des feuilles et des fleurs. La lumière pénètre jusqu’au cœur des plantes marines et jette dans leurs corolles tout l’éclat de la vie.

Les barques s’illuminent de couleurs variées. — Les unes ont des reflets vert-pâle, semblables à la douce clarté des lucioles. — Les autres sont d’un rouge sombre comme le feu des fournaises ;