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de plantes marines qu’on jurerait autant d’îles s’avançant sur les flots.

Les Harmonies redisent la gloire de l’Homme !


La fête doit représenter la naissance de Vénus, déesse d’amour. L’ordonnateur du programme a choisi le moment où l’immortelle sort de l’écume des vagues frissonnantes de passion.

L’orchestre prélude par une harmonie suave et rêveuse, semblable à celle que produisent les oiseaux dans les premiers jours du printemps. Pendant toute cette mesure, les barques nagent lentement, se balancent, se rapprochent, s’effleurent pour imiter les caresses des ondes amoureuses.

Les cœurs se sentent pris d’un frémissement indicible ; la brune tête du jeune homme se penche sur le sein palpitant de sa douce maîtresse. C’est le même mouvement, le même accord, la même passion qui court dans les veines des rameurs, des musiciens et des amants.

Peu à peu la mesure devient plus entraînante, la mélodie plus voluptueuse ; elles éveillent des émotions divines qui ravissent en esprit. Chacun des assistants participe à l’existence universelle et réunit son âme au mouvement des mondes que berce l’harmonie.

285 La brise du soir agite doucement les herbes et les feuilles. La lune qui s’est levée se penche sur les eaux ; son regard curieux sonde le lit du fleuve comme une colonne de flamme. Les éléments se réjouissent de se voir dans des splen-