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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/456

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femmes, dans les blondes chevelures des petits enfants. On croirait voir les anges des ténèbres confondus avec les esprits de lumière, nageant, se débattant dans une mer de feu.

284 Le Tage paraît comme tout ce que l’imagination peut rêver de plus riche : comme une plaine d’épis d’or au temps de la moisson ; comme un débarras de diadèmes emportés, balayés, écornés, éraillés par le flot des émeutes ; comme le soleil couchant sur les mondes qui croûlent ; comme le soleil levant sur les mondes qui naissent ; comme un ardent miroir ; comme un vase de vives flammes qui menacent de tout dévorer. Les rames teintes de sang se relèvent ainsi que de larges glaives qui viendraient de frapper.

La Lumière et le feu redisent la gloire de l’Homme !


Parmi toutes ces barques s’avance la galère d’harmonie, la galère capitane incrustée de coquillages, bordée d’urnes d’albâtre qui versent constamment dans le fleuve des flots d’écume, d’eau bleue, verte ou rouge, des poissons de toutes couleurs, des perles d’or, des coraux, des paillettes d’argent. Elle contient vingt mille musiciens célèbres et les artistes qui ont organisé les réjouissances du jour. Au milieu s’élève un trône que supportent des vagues écumantes parfaitement figurées et sur lequel doit s’asseoir la divine reine de cette fête. Elle remorque cinquante gondoles aux cous de cygne tellement chargées