La première composition de ce genre qui sera faite chez nous, celle qui nous donnera place dans la radieuse pléiade où déjà trônent l’Italie, l’Allemagne, l’Angleterre et la Russie, la première création française vraiment épique sera faite en prose.
Lamennais et Chateaubriand l’ont tentée, mais ces deux parfaits chrétiens ne travaillaient que sur des idées vieilles, ils sacrifiaient tout à la forme clinquante qui servait à l’un de soutane, à l’autre de manteau. Que leur Dieu conserve en paix leurs âmes !
L’excentric, le très grand, le proscrit des puritains du culte et de la rime, Byron, sera développé par un Français plus profondément philosophe, moins heureusement artiste, aussi peu rimailleur que lui.
Ce monument littéraire doit être élevé dès la fin de ce siècle, au moment où la France disparaît de la scène du monde. Ce sera l’hymne de ses funérailles, l’immortelle couronne déposée sur son front.
Ma prédiction s’accomplira fatalement :
Parce que notre époque est éminemment critique ; — parce que les révolutions, guerres et cataclysmes de tout genre, que nous allons traverser, doivent faire naître en grand nombre des productions critiques ; — parce que la France est avant tout une nation critique, celle dont la situation, l’esprit, la langue, les coutumes et les mœurs résument le plus, à notre époque, l’ensemble moral des peuples civilisés.
D’où résulte que l’œuvre de nos temps révo-