Aller au contenu

Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je tuerais ou plutôt, je manquerais un prince : jeu d’enfant, inutile besogne, dangereuse, toujours à recommencer ! Au contraire, que ne puis-je accomplir avec ma tête ?


VIII


32 Je viens d’ouvrir un gouffre épouvantable devant mon horizon : il le fallait, je ne pouvais l’éviter ! Dans le fond il y a du sable brûlant, et je lis des sentences qui me font trembler :

Le bonheur n’est qu’un mirage ;

L’avenir — qu’une aspiration ;

La tradition — qu’un souvenir ;

Le présent — qu’une ligne ;

L’égalité — qu’une chimère ;

La liberté — qu’un désir ;

La justice — qu’un principe ;

La société — qu’un esclavage ;

L’espérance — qu’une vision ;

L’existence — qu’un poids ;

La santé — qu’une convalescence ;

La maladie — qu’une habitude ;

La mort, le suicide ne sont que des palliatifs ! !

Désolation ! Où donc est le vrai, le juste, le tangible ? Dans quels mondes trouverai-je la solution générale, irréfutable, satisfaisante, absolue du problème de la vie ? Qui comblera l’abîme toujours ouvert, toujours fascinateur ?

Hélas ! l’individu ne saurait le tenter. Sur les