Je tuerais ou plutôt, je manquerais un prince : jeu d’enfant, inutile besogne, dangereuse, toujours à recommencer ! Au contraire, que ne puis-je accomplir avec ma tête ?
32 Je viens d’ouvrir un gouffre épouvantable devant mon horizon : il le fallait, je ne pouvais l’éviter ! Dans le fond il y a du sable brûlant, et je lis des sentences qui me font trembler :
Le bonheur n’est qu’un mirage ;
L’avenir — qu’une aspiration ;
La tradition — qu’un souvenir ;
Le présent — qu’une ligne ;
L’égalité — qu’une chimère ;
La liberté — qu’un désir ;
La justice — qu’un principe ;
La société — qu’un esclavage ;
L’espérance — qu’une vision ;
L’existence — qu’un poids ;
La santé — qu’une convalescence ;
La maladie — qu’une habitude ;
La mort, le suicide ne sont que des palliatifs ! !
Désolation ! Où donc est le vrai, le juste, le tangible ? Dans quels mondes trouverai-je la solution générale, irréfutable, satisfaisante, absolue du problème de la vie ? Qui comblera l’abîme toujours ouvert, toujours fascinateur ?
Hélas ! l’individu ne saurait le tenter. Sur les