née, d’une soirée sombre, d’une fleur, d’un amour ou d’un baiser ! — La Pensée ! la capricieuse qui s’effraie d’un bruit, d’un sourire, d’une parole, du vol d’une mouche ou d’un oiseau ! La nonchalante qui ne se trouve bien que sur les vagues bleues et les lits écarlates ! La bâilleuse, la voluptueuse qui s’allonge à nos côtés comme la chatte favorite auprès de sa maîtresse ! La Syrène, la mystérieuse, l’amoureuse qui nous surprend toujours, soit qu’elle vienne la nuit nous toucher de son doigt si fin, soit qu’elle chevauche quelque beau rayon de soleil ou la voile blanche d’un bateau ! La flâneuse, la câline, l’enchanteresse, la bien-aimée qui nous endort dans ses bras de neige, et dont nous prenons entre nos dents tous les cheveux !
43 Je travaille comme le semeur, l’homme simple qui se résigne, quand il le faut, à se servir des outils que lui légua son père, et suit sans hésiter, son chemin difficile.
J’écris avec une plume et ne puis tracer qu’une lettre à la fois. — Une lettre : un millième de soupir dans l’éternité ! — Ce misérable instrument me fatigue. Pour une virgule qui cloche, pour un jambage timide, pour un point de travers, pour une majuscule qui ne se présente point dans toute la pompe désirable, je m’irrite, trépigne et souffre vraiment. J’avais bien peint toute une page :