Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/117

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Viens, refais la lumière, la vie, la 342 parole, la pensée dans leur sublime essence. Refais-les : tu le peux !

J’envie le sort des trépassés !


Mon invocation se perd dans le tourbillon des sociétés. Les intérêts l’accueillent de leur rire implacable. J’entends l’Ironie s’écrier : « Il est mort, il est mort ! C’est en vain que Westminster le réclame aux beaux rivages de Missolonghi ; c’est en vain que le peuple le divinise ! Nous l’avons foudroyé ; nous dansons sur son crâne l’infernale sarabande que conduit la Corruption ! Que son exemple profite aux esprits orgueilleux ! Et que les libres tremblent ! Le xixe siècle sonne le glas du génie, la Saint-Barthélémy des innocents ! — De Profundis sur l’indépendance du monde ! »

J’envie le sort des trépassés !


Ô mes deux morts aimés ! Laissez à ma piété filiale le soin de vos mortelles dépouilles. Que votre génie, bercé par l’harmonie des sphères, ne se préoccupe plus des petites misères de ce monde ! Tout ce que peuvent le culte, la tendresse et les forces d’un enfant des hommes, je le ferai pour vous. Dormez en paix le doux sommeil qui si longtemps s’enfuit de vos rouges paupières. Mon cœur battra si souvent sur vos tombes qu’il y gravera son empreinte de toute la chaleur de son sang. Car vous êtes la famille de mon âme, les adorés avec lesquels l’amour ne se parle pas, ne