Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rutilant Avenir, roule, emporte, dévore la famille d’aujourd’hui dans tes vagues de feu ! — Hallali ! !


L’Avenir condamnera la Justice civilisée ! — La Justice lâche qui convoque juges, procureurs de cour, griffonneurs de papier, 346 jurés, bourreaux, avocats, gendarmes et public pour mettre en scène l’agonie d’une femme ! La Justice qui n’a pas à craindre la perte d’un seul poil de son vieux chef fêlé, et menace sans pudeur la tête céleste d’une jeune femme !

La Justice humaine, sujette à erreur, qui mille fois s’est trompée ! La Justice qui engendre le faux témoignage, le parjure et le crime ! La Justice que les gouvernements paient pour frapper leurs vengeances ! La Justice qui torture sans relâche, sans merci, sans vergogne !

La Justice qui ne sera jamais que l’instrument de colère des majorités et l’aiguillon de révolte des minorités, tant que le Droit de vivre sera lettre morte parmi les hommes !

— Le Droit de vivre ! le seul, le vrai droit social, le droit de suprême nécessité et de salut public ! Le droit du sang, le cri du pain ! —

C’est cette Justice-là qui fit endurer mille morts à Marie Capelle sans jamais la faire mourir ; c’est elle qui la poursuivit à outrance comme une gazelle blessée. Jusqu’à ce que la pauvre tombât sur ses deux mains, la face contre terre, et que ses grands yeux remplis de larmes, son grand courage