Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/135

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vres de bienfaisance et d’amour. En vérité je vous le dis, la vie du prêtre et de la religieuse, c’est la parodie sacrilège de la vie du Christ, c’est l’esprit de l’égoïsme et la lettre du dévouement. Contre la doctrine et les conséquences de l’altruisme je ne veux pas d’autre preuve !

Sur la masse des hommes les religieux planent encore, et du haut des autels les fascinent, comme depuis la nue dorée, l’émerillon aux couleurs sombres, qui, de son œil sanglant, suit dans le sillon les oiseaux pleins d’effroi. Ces êtres hermaphrodites, monstrueux, peuplent les hôpitaux, les prisons, les maisons de correction et de repentance ; tous les asiles ouverts à la douleur.

Comment pourraient-ils aimer, soigner les pauvres, redresser les malfaiteurs ? Les connaissent-ils ? Les ont-ils approchés dans les demeures des hommes ? Ne sont-ils pas de ces divins personnages qui habitent le septième ciel, et de ce bas monde ignorent tout ? Ne sont-ils pas sur terre objets de pitié, de terreur ou de répulsion ? Qu’on ne prononce jamais devant eux les saints noms de père, de mère, d’époux, d’enfant, d’affection et d’amour. Ces mots les transportent de fureur ; ce sont pour leurs cœurs desséchés autant d’aiguillons de souffrance ; cela leur rappelle des privations amères, de cuisants regrets. Car ils n’en sont venus, les malheureux, à s’enrôler dans la milice du pape, que traqués, brisés, forcés par la misère, l’ignorance et le fanatisme, recrutés dans nos vertes campagnes et dans nos populeux faubourgs