Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/136

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par les sergents méprisés des sacristies. — Religion de mensonge et de vol, religion d’outremonts, te voilà ravalée jusqu’au degré du Libertinage ; et comme lui tu n’as plus d’auxiliaire que la Faim !

Ah ! puisque l’occasion m’en est offerte, je démasquerai sans pitié, sans réserve, cette assassine charité qui cache la sécheresse de sa main et la cruauté de son âme sous la robe de Saint-Vincent-de-Paul et la croix de Jésus !

… Les six plus belles années qu’aurait pu rêver la tendresse de mon cœur, je les ai passées dans les hôpitaux de Paris, près des malades. Là, j’ai vu la Misère, la Douleur, la Contagion, la Fièvre, l’Opération teinte de sang, le Délire, le Râle et l’Angoisse veiller au chevet du pauvre. Et moi qui ne suis qu’un homme, et un médecin encore, j’ai senti bien souvent mes yeux remplis de larmes, et ma gorge de sanglots. Autour de ces infortunés que 354 tordait le Mal, j’ai vu le pire des maux ; j’ai vu tourbillonner le noir essaim de ces guêpes saintes, qu’on appelle, par cruelle antiphrase, des mères et des sœurs !

L’œuvre de destruction que le médecin commence avec le couteau, que la maladie continue de ses dents de scie, elles l’achèvent à coups d’épingle répétés à chaque heure. Dans ces noirs asiles de la souffrance elles ont établi l’intolérable dictature du bigotisme et trônent, béates, au milieu des pleurs, sur des crucifix d’ébène et d’argent. Plus impassibles que des reliques, elles vont et viennent