Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/158

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tomne, les nuits pâles, l’étang ridé par la tempête, la forêt murmurante ;

Le chant de la fauvette à la fleur d’aubépine, le vol de l’hirondelle sur les vagues blanchissantes, les pleurs de la rosée dans 367 la corolle des lys, le lierre des croix des morts, la cloche de l’église, la trompe du pâtre, l’aboiement des chiens, le bruit des rames dans l’onde, et sur les monts lointains, la détonation de l’arme du chasseur.

Alors, elle aimait la terre et la mer, le sable et la vague se disputant en des années une ligne de rivage, les nénuphars d’argent et d’or, les vertes aiguilles des joncs, la Bretagne, l’Alsace, « sa chère et robuste Picardie qui, la tête couronnée de chênes, laisse flotter aux vents son manteau d’épis aux grains d’or. »

Alors, elle s’écriait : « J’aime les bruits décroissants du travail et les douces harmonies du repos ; j’aime les cris des enfants s’égrenant deux à deux au retour de l’école ; j’aime le chant de l’ouvrier sortant, joyeux, de sa fabrique, et le sifflet du vigneron nonchalamment assis, comme un roi d’Yvetot, sur la croupe de son âne ; j’aime enfin les pas cadencés de nos braves mineurs regagnant par bandes joyeuses le quartier des casernes. »

… Ainsi joue le Destin, le destin homicide ! Jamais rude laboureur ne trouva pour chanter la nature les sublimes accents du poète captif. Jamais la vie ne nous paraît plus souriante, plus fraîche de couleur et de santé que sur le bord des tombes. L’homme n’est heureux et grand qu’en