Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/172

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trice. Les parents ne sont que ses complices ou ses entremetteurs, les roues obéissantes d’un engrenage infâme. C’est à la société du Monopole que revient la responsabilité des divisions, déchirements, adultères, duels, empoisonnements, assassinats et crimes 376 de toute sorte qui résultent du mariage-spéculation. Et sept fois plus lâche que coupable se montre-t-elle encore quand elle rejette tout l’odieux de ses trafics sur de pauvres jeunes filles que leur familles traînent, moitié par force et moitié par ruse, sur la place où se marchandent, sous étiquettes menteuses, toutes les cupidités du siècle !

Quant à l’épousailleur qui, sans jeunesse, sans beauté, sans talent, pousse au marché et se fait sans crainte exécuteur du complot, c’est à ses risques et périls. Qui casse les verres, les paie : cette maxime et trop strictement juste pour être consolante aux hommes d’aujourd’hui. — Ah ! tripoteurs d’affaires, vous voulez des fiancées jeunes, jolies et intelligentes à l’avenant ! Et vous croyez leur faire beaucoup d’honneur en les admettant à partager votre couche aux rideaux jaunes ! Et vous ne doutez pas de vous ! Et vous ne sauriez imaginer qu’une femme pût être malheureuse avec des rentes !… Oh mais, c’est pain béni que de vous empoisonner l’estomac et le cœur ! Et j’en rirai longtemps, je vous jure, à gorge déployée !


Je dis encore : lâche est la victime qui demeure dans de pareils liens, qui consent à vivre tous les