Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/175

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bon Dieu de rappeler Marie Capelle à sa gauche. C’étaient ces femelles-mômies, aux paroles mielleuses, aux lèvres pincées, qui jamais n’ont pleuré de leurs yeux, qui jamais n’ont aimé de leur âme, qui ne sentent rien, dont le cœur bat aussi pauvrement de nuit que de jour. C’étaient ces vertueuses pucelles qui se seraient faites religieuses si leurs mères l’eussent exigé, qui se sont mariées pour satisfaire leurs pères, qui font des enfants pour plaire à leurs maris, guenons qui se donnent de faux airs de femmes. De ces monstres-là je ne donnerais pas un baiser à la douzaine !

Ces salopes sans entrailles s’imaginent pourtant qu’il faut bien du courage pour laisser prendre à leurs maris ce qu’elles peuvent 378 encore avoir, pour donner le sein à leurs enfants, pour raccommoder à peu près tout leur monde, étaler sur l’oreiller le bonnet de coton conjugal et n’avoir, en moyenne, que deux querelles par jour. D’après elles, tous les devoirs d’une bonne ménagère sont renfermés dans le programme de ces occupations variées et attrayantes. Et l’idéal de la femme ne doit pas s’élever au-dessus des devoirs de la bonne ménagère !

Aussi faut-il voir comme ces balais en jupons déchirent la créature exceptionnelle qui leur tombe entre les griffes ! C’est une criminelle, parce qu’elle a passé dans le prétoire des juges ; — une impudente, parce qu’elle s’est défendue ; — un bas-bleu, parce qu’elle a du génie ; — une lâche, parce qu’elle a la force de vivre pour décrire ses souf-