Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes et de revendications implacables germent dans le sang d’une femme injustement versé.

383 Calomnions, disent-ils, calomnions avant la mort, calomnions après, calomnions lâchement, calomnions toujours : il en restera quelque chose.

Et moi je dis : oui, quelque chose en reste ; pour les bourreaux, la honte ; la gloire pour les victimes !

Calomniez encore, calomniez vite, juges de la terre ! — Le Temps va faire justice.


Il n’est plus possible de jeter sur sa mémoire le linceul de mensonge et d’oubli. Les toiles se déchirent, les trônes craquent, les tombes s’entr’ouvrent. Et les ombres des morts passent à travers les ténèbres, grandes, vengeresses, réclamant et criant :

« Rédemption ! Rédemption ! — Nous avons pour nous le Temps, la vieille lime sur laquelle la Calomnie laisse sa langue de vipère. Nous avons la Mémoire, l’auguste Vestale accroupie sur des cendres qu’elle rallume toujours. Nous avons le fier cri du coq qui réveille le Remords dans les âmes coupables ; les notes perçantes du Martinet qui raconte partout, à la terre, dans les cieux, les crimes de la nuit. Nous avons enfin la jeune voix des poètes qui ne sont pas vendus ! — Rédemption ! Rédemption ! »


La tempête s’endort. La bise rageuse se cache dans les gorges des monts. Le soleil irise les gout-