Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/201

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… De son aile que rien n’arrête, l’infatigable Temps poursuit son cours. Les vers mordent aux fruits, aux enfants, aux cadavres ; ils rampent lentement dans le palais du crâne que la souveraine Intelligence parcourait comme un éclair ! La goutte d’eau creuse la pierre ; la vérole, les os ; l’insecte des Indes, les empires maritimes. Qui pourrait dire s’il reste seulement de la cendre dans les sépultures des royales familles qui commandaient aux nations ?…

J’en fais autant avec mon cigare !


IV


La Basilica di Supergà, dernier asile des princes de Savoie, s’élève sur la plus haute des collines qui dominent Turin. Dernier prolongement des Alpes mourantes, cette chaîne figure une série de grands tombeaux en marbre noir. Le dernier, le plus élevé de ces monts tumulaires, supporte Supergà comme un sceau de deuil, comme une couronne d’immortelles.

La royale basilique fut construite au commencement du xvie siècle par Victor-Amédée II, afin de perpétuer le souvenir de la 395 victoire de Turin, remportée par le prince Eugène sur les Français.

C’était un puissant seigneur que ce Victor-Amédée ! Il était allié des plus grands monarques de son temps ; son sceptre dominait l’un et l’autre